| | les jolis poèmes (ou extraits) | |
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+11#Je Suis Bobûn Pulsabisou ritaline Estherfluette rhodave au revoir au revoir BACH Clafouthy fifty pazi pan Février 15 participants | |
Auteur | Message |
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Estherfluette COURANT D'OR
Messages : 216 Date d'inscription : 02/11/2014 Age : 460 Localisation : Razlog.
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Jeu 22 Jan - 1:07 | |
| Köln, am HofHerzzeit, es stehn die Geträumten für die Mitternachtsziffer. Einiges sprach in die Stille, einiges schwieg, einiges ging seiner Wege. Verbannt und Verloren waren daheim. Ihr Dome. Ihr Dome ungesehn, ihr Ströme unbelauscht, ihr Uhren tief ins uns. Paul Celan- Spoiler:
Cologne
Temps du cœur, ils sont debout les rêvés pour les chiffres de minuit.
un peu parla dans le silence immobile, un peu se tut un peu alla son chemin. Banni et perdu étaient chez eux.
Vous cathédrales. Vous cathédrales, pas vu vous fleuves, pas entendu vos horloges si profondes en nous.
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| | | au revoir au revoir MONARQUE DU BISOU
Messages : 553 Date d'inscription : 30/10/2014 Age : 26
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Jeu 22 Jan - 1:23 | |
| - Béelzéboul a écrit:
- Au jardin de mon père, les lauriers sont fleuris, (bis)
Tous les oiseaux du monde viennent y faire leur nid.
Refrain : Auprès de ma blonde, qu’il fait bon, fait bon, fait bon, Auprès de ma blonde, qu’il fait bon dormir !
Tous les oiseaux du monde viennent y faire leur nid, (bis) La caille, la tourterelle, et la jolie perdrix.
Refrain
La caille, la tourterelle, et la jolie perdrix, (bis) Et ma gentille colombe qui chante jour et nuit.
Refrain
Et ma gentille colombe qui chante jour et nuit, (bis) Qui chante pour les filles qui n’ont point de mari.
Refrain
Qui chante pour les filles qui n’ont point de mari, (bis) Pour moi ne chante guère, car j’en ons un joli.
Refrain
Pour moi ne chante guère, car j’en ons un joli. (bis) Dites-nous donc, la belle, où donc est vot’ mari?
Refrain
Dites-nous donc, la belle, où donc est vot’ mari? (bis) Il est dans la Hollande, les Hollandois l’ont pris.
Refrain
Il est dans la Hollande, les Hollandois l’ont pris. (bis) Que donneriez-vous belle, pour avoir votre ami?
Refrain
Que donneriez-vous belle, pour avoir votre ami? (bis) Je donnerions bien Rennes, Versailles et Saint-Denis.
Refrain
Je donnerions bien Rennes, Versailles et Saint-Denis, (bis) Les tours de Notre-Dame, et ma colombe aussi.
Refrain
Les tours de Notre-Dame, et ma colombe aussi, (bis) Et ma gentille colombe, qui chante jour et nuit.
Refrain ha ha ha | |
| | | Estherfluette COURANT D'OR
Messages : 216 Date d'inscription : 02/11/2014 Age : 460 Localisation : Razlog.
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Mar 27 Jan - 21:17 | |
| Comme l’aube écartait le rideau de la nuit, Quelqu’un de la taverne a crié : le temps fuit; Remplis ta coupe avec la liqueur de la vie, Et sois ivre, avant l’heure où la source est tarie.
Omar Khayyam | |
| | | BACH
Messages : 143 Date d'inscription : 24/11/2014 Age : 39
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Ven 30 Jan - 14:48 | |
| celui qui boit, ronsard
Celui qui boit, comme a chanté Nicandre, De l'Aconite, il a l'esprit troublé, Tout ce qu'il voit lui semble estre doublé, Et sur ses yeux la nuit se vient espandre.
Celui qui boit de l'amour de Cassandre, Qui par ses yeux au cœur est ecoulé, Il perd raison, il devient afolé, Cent fois le jour la Parque le vient prendre.
Mais la chaut vive, ou la rouille, ou le vin Ou l'or fondu peuvent bien mettre fin Au mal cruel que l'Aconite donne :
La mort sans plus a pouvoir de garir Le cœur de ceux que Cassandre empoisonne, Mais bien heureux qui peut ainsi mourir.
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| | | BACH
Messages : 143 Date d'inscription : 24/11/2014 Age : 39
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Ven 30 Jan - 15:04 | |
| « Je voudrais bien richement jaunissant »? RONSARD
Je voudrais bien richement jaunissant En pluie d'or goutte à goutte descendre Dans le beau sein de ma belle Cassandre, Lors qu'en ses yeux le somme va glissant.
Je voudrais bien en taureau blanchissant Me transformer pour finement la prendre, Quand en avril par l'herbe la plus tendre Elle va, fleur, mille fleurs ravissant.
Je voudrais bien alléger ma peine, Etre un Narcisse, et elle une fontaine, Pour m'y plonger une nuit à séjour ;
Et voudrais bien que cette nuit encore Durât toujours sans que jamais l'Aurore Pour m'éveiller ne rallumât le jour
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| | | fifty pazi la toute-jolie
Messages : 443 Date d'inscription : 03/11/2014 Age : 31 Localisation : Paris
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Ven 6 Fév - 14:21 | |
| The stars are hidden, the lights are out; the tall black houses are ranked about. I beat my fists on the stout doors, no answering steps come down the floors. I have walked until I am faint and numb; from one dark street to another I come. The comforting winds are still. This is a chaos through which I stumble, till I reach the void and down I tumble. The stars will then be out forever; the fists unclenched the feet walk never, and all I say blown by the wind away. Charles Renikoff, extrait de Rythmes 1 et 2- traduction:
Les étoiles sont cachées les lumières éteintes; les maisons alignées hautes et noires de teinte.
Je frappe des poings contre portes solides, en réponse nul pas dans l'escalier vide.
J'ai marché au point d'être fourbu et gourd; d'une rue obscure à l'autre je cours.
Les vents apaisants se sont tus.
À travers ce chaos j'avance trébuchant, lorsque j'atteins le vide- je bascule dedans.
Les étoiles seront éteintes désormais; les poings desserrés, les pieds pétrifiés, et tout ce que je dis par le vent balayé. | |
| | | ritaline
Messages : 215 Date d'inscription : 19/11/2014 Age : 31
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Mar 10 Fév - 0:52 | |
| Le comble de la tristesse n'est pas davantage un général aveugle mendiant à travers les îles que vers trois heures du matin l'Avenue de l'Opéra Il n'y a pas de limite à la mélancolie humaine Il y a toujours une pierre à placer sur la pyramide des larmes Êtes-vous sûr d'avoir aussi mal qu'une femme étranglée quand elle sait que tout est fini qu'on l'étrangle Êtes-vous sûr qu'il ne vaudrait pas mieux être être étranglé si tu songes aux couteaux des heures prochaines Je vis depuis longtemps ma dernière minute Le sable que je mâche est celui d'une agonie invisible et perpétuée Les flammes que je fais couper de temps en temps chez le coiffeur trahissent seules le noir enfer intérieur qui m'habite Comme des corps privés de sépultures les hommes se promènent dans le jardin de mes yeux Rêveurs incompréhensibles ou seul suis-je frappé par une main desséchée dans ce désert peuplé parmi ces arides fleurs
J'aime et je suis aimé Rien ne nous sépare Pourquoi donc être triste au coeur splendide de l'amour Le monde hoche sa tête Je Sais Tout stupide J'aime et cependant la vie est intolérable à mourir J'aime et cependant il faudra tout à l'heure que je hurle Je traine à mes pas le manteau fantomatique des arrières-pensées Une chaîne de perfectionnements à la douleur morale cliquette à mes pieds épouvantablement malheureux J'aime et nous nous aimons mais au milieu d'un naufrage mais à la pointe d'un poignard et je ne peux pas je ne peux pas voir le mal que cela va te faire Tes yeux tes yeux mon amour révulsés par ce qui n'est pas le plaisir Qu'on arrache de moi mon coeur avec des tenailles qu'on en finisse avec ma tête qui se décolle Je bois un lait pareil à l'encre et l'heure de midi ressemble au charbon des marais où se flétrit la sphaigne que je prends pour moi dans les miroirs Je t'aime je t'aime mais dans une soute au moment de sauter Impatience Ignoble impatience de savoir si cela fera très mal
Probablement que l'univers juge un criminel en ma personne et ne notera que les défaillances et l'allure Cet homme dans les journaux du matin qui décapita sa maîtresse tandis qu'elle dormait près de lui sanglotait au tribunal Il l'avait tuée dans la chambre puis dans la cave avec un couteau ensuite avec une scie il détacha la tête adorable pour mettre le corps dans un sac malheureusement un peu petit Il sanglotait au tribunal Ne sommes-nous point pareils aux palmes du palmier qui grandissent accolées fleurissent et fructifient pour donner une image du parfait amour L'automne arrive les mains pleines d'illusions lumineuses Quel est ce crime qui fait que je sanglote Voyez mon amour est vivant Montre-toi chérie Vous ne prouverez rien L'alibi vert comme une forêt s'étend à l'horizon où chantent inutilement les corbeaux Seulement à chaque arbre est un pendu qui se balance à chaque feuille une tache de sang
Quel est pire du ciel de l'aube ou du bitume du soir Je ne sais pas ce qui me retient de mordre les passants sur les boulevards L'amertume qui monte en moi peut être le premier flot d'un déluge auprès duquel l'autre a l'air d'un vulgaire accident de vidange Je me souviens qu'en quinze cent quarante et un près de Pavie quand on me prit dans la campagne où j'errais en proie aux premières atteintes du mal les paysans ne voulurent pas me croire quand je leur dis la vérité Ils refusèrent de me prendre pour un loup furieux à cause de ma peau humaine et Thomas éternels de la science expérimentale quand je leur avouai que ma peau lupique était cachée entre cuir et chair avec leurs poignards ils me fendirent les membres et le tronc pour vérifier mes assertions mélancoliques Ils ne touchèrent pas au visage effrayés par la poésie atroce de mes traits Qu'est-ce qui me pousse à hurler dans les tombeaux Qu'est-ce qui fait que je gratte irrésistiblement la poussière où dorment les amoureux décomposés Que vas-tu déterrer comme si la lumière vivante n'avait pas assez des blessures des vivants A moi le langage ténébreux des suppliciés de la chaise électrique le vocabulaire ultime des guillotinés L'existence est un oeil crevé Que l'on m'entende bien un oeil qu'on crève à tout instant le harakiri sans fin J'enrage à voir le calme idiot qui accueille mes cris Voilà pourquoi je veux sortir des fosses hypocrites les morts de mort violente à la prunelle horrifiée je veux démurer les victimes des catastrophes dont le squelette garde une posture terrorisée qui convient à merveille à ces jours que nous traversons
Il y a disait justement ma voisine des gens qui se foutent à l'eau Si je suis une bête écumante à qui le monde remonte avec la bave il serait très simple d'en finir Mon amour mon amour entends-tu ce blasphème Ce n'est pas la pâleur de l'amour ce n'est pas la pâleur de la mort mais celle des loups qui est sur mon visage Je ne peux pas mourir à cause de cette fleur immense dont je ne puis supporter que se referme le calice On a fait un progrès considérable en matière de torture sur le cobaye que je suis sur le fauve cobaye que je suis les deux mains prises dans deux portes l'amour la mort et des hercules abstraits appuient sur ces deux portes avec toute la lenteur assurée d'un numéro de music-hall exécuté sans le moindre effort apparent N'as-tu donc jamais remarqué que mes baisers ressemblaient aux paroles sacrilèges qui sont tout ce qui reste à dire aux esclaves écartelés N'as-tu donc jamais remarqué que je t'aime tandis qu'on me tue Que c'est toujours la dernière fois que je jouis dans tes bras Tes bras qui sont si beaux que c'est bien cela le plus terrible
Tout se terminera d'une façon sauvage Je serais de toi je ferais jeter ton amant aux bêtes ou je le ferais voir par traîtrise à un médecin aliéniste ou bien je le tuerais froidement mon amour pendant son sommeil tandis qu'il est nu et blême que les loups surgissent autour des cimetières où dorment les belles journées qu'on a eues ensemble mon amour
L.Aragon, "lycanthropie contemporaine" | |
| | | pan POETE DES PRAIRIES
Messages : 471 Date d'inscription : 31/10/2014
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Mar 10 Fév - 1:05 | |
| oh je ne le connaissais pas celui ci il est très beau | |
| | | BACH
Messages : 143 Date d'inscription : 24/11/2014 Age : 39
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Lun 23 Fév - 21:11 | |
| Méditations métaphysiques Descartes
Je supposerai donc qu’il y a, non point un vrai Dieu, qui est la souveraine source de vérité, mais un certain mauvais génie, non moins rusé et trompeur que puissant qui a employé toute son industrie à me tromper. Je penserai que le ciel, l’air, la terre, les couleurs, les figures, les sons et toutes les choses extérieures que nous voyons, ne sont que des illusions et tromperies, dont il se sert pour surprendre ma crédulité. Je me considérerai moi-même comme n’ayant point de mains, point d’yeux, point de chair, point de sang, comme n’ayant aucuns sens.
Mais ce dessein est pénible et laborieux, et une certaine paresse m’entraîne insensiblement dans le train de ma vie ordinaire. Et tout de même qu’un esclave qui jouissait dans le sommeil d’une liberté imaginaire, lorsqu’il commence à soupçonner que sa liberté n’est qu’un songe, craint d’être réveillé, et conspire avec ces illusions agréables pour en être plus longuement abusé, ainsi je retombe insensiblement de moi-même dans mes anciennes opinions, et j’appréhende de me réveiller de cet assoupissement, de peur que les veilles laborieuses qui succéderaient à la tranquillité de ce repos, au lieu de m’apporter quelque jour et quelque lumière dans la connaissance de la vérité, ne fussent pas suffisantes pour éclaircir les ténèbres des difficultés
La Méditation que je fis hier m’a rempli l’esprit de tant de doutes, qu’il n’est plus désormais en ma puissance de les oublier. Et cependant je ne vois pas de quelle façon je les pourrai résoudre ; et comme si tout à coup j’étais tombé dans une eau très profonde, je suis tellement surpris, que je ne puis ni assurer mes pieds dans le fond, ni nager pour me soutenir | |
| | | BACH
Messages : 143 Date d'inscription : 24/11/2014 Age : 39
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Mer 25 Fév - 12:25 | |
| I. — UN LEVER DE SOLEIL.
Que notre vie est quelque chose d’étrange ! Chaque matin, — dans ce demi-sommeil où la raison triomphe peu à peu des folles images du rêve, je sens qu’il est naturel, logique et conforme à mon origine parisienne de m’ éveiller aux clartés d’un ciel gris, au bruit des roues broyant les pavés, dans quelque chambre d’un aspect triste, garnie de meubles anguleux, où l’imagination se heurte aux vitres comme un insecte emprisonné, — et c’est avec un étonnement toujours plus vif que je me retrouve à mille lieues de ma patrie, et que j’ouvre mes sens peu à peu aux vagues impressions d’un monde qui est la parfaite antithèse du nôtre. La voix du Turc qui chante au minaret voisin, la clochette et le trot lourd du chameau qui passe, et quelquefois son hurlement bizarre, les bruissemens et les sifflemens indistincts qui font vivre l’air, le bois et la muraille, l’aube hâtive dessinant au plafond les folles découpures des fenêtres, une brise matinale chargée de senteurs pénétrantes, qui soulève le rideau de ma porte et me fait apercevoir au- dessus des murs de la cour les têtes flottantes des palmiers ; tout cela me surprend, me ravit… ou m’attriste, selon les jours, car je ne veux pas dire qu’un éternel été fasse une vie toujours joyeuse.
Gerard de Nerval , Scènes de la vie orientale | |
| | | BACH
Messages : 143 Date d'inscription : 24/11/2014 Age : 39
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Mer 25 Fév - 15:02 | |
| Ode, Ronsard
Ma douce jouvence est passée, Ma premiere force est cassée, J’ai la dent noire et le chef blanc, Mes nerfs sont dissous, et mes veines, Tant j’ai le corps froid, ne sont pleines, Que d’une eau rousse en lieu de sang.
Adieu ma lyre, adieu fillettes, Jadis mes douces amourettes, Adieu je sens venir ma fin : Nul passetemps de ma jeunesse Ne m’accompagne en la vieillesse, Que le feu, le lict et le vin.
J’ai la teste toute estourdie De trop d’ans et de maladie, De tous costez le soin me mord : Et soit que j’aille ou que je tarde, Tousjours après moy je regarde Si je verray venir la mort,
Qui doit, ce me semble, à toute heure Me mener là bas, où demeure Je ne sçay quel Pluton, qui tient Ouvert à tous venans un antre Où bien facilement on entre, Mais d’où jamais on ne revient.
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| | | BACH
Messages : 143 Date d'inscription : 24/11/2014 Age : 39
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Ven 27 Fév - 16:36 | |
| Épitaphe, Nerval
Il a vécu, tantôt gai comme un sansonnet, Tour à tour amoureux, insoucieux et tendre, Tantôt sombre et rêveur, comme un triste Clitandre. Un jour, il entendit qu’à sa porte on sonnait ;
C’était la Mort. Alors, il la pria d’attendre Qu’il eût posé le point à son dernier sonnet ; Et puis, sans s’émouvoir, il s’en alla s’étendre Au fond du coffre froid où son corps frissonnait.
Il était paresseux, à ce que dit l’histoire ; Il laissait trop sécher l’encre dans l’écritoire ; Il voulait tout savoir, mais il n’a rien connu ;
Et quand vint le moment où, las de cette vie, Un soir d’hiver, enfin, l’âme lui fut ravie, Il s’en alla, disant : « Pourquoi suis-je venu ? » | |
| | | ritaline
Messages : 215 Date d'inscription : 19/11/2014 Age : 31
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Mer 4 Mar - 0:40 | |
| comme des rais du soleil gracieux se paissent fleurs durant la primevère. je me récrée aux rayons de ses yeux, et loin, et près autour d'eux persévère. si que le coeur, qui en moi la révère, la me fait voir en cette même essence que ferait l'oeil, par sa belle présence, que tant j'honore, et que tant je poursuis : par quoi de rien ne me nuit son absence, vu qu'en tous lieux, malgré moi, je la suis.
***
en tel suspens ou de non ou d'oui, je veux soudain et plus soudain je n'ose. l'un me rend triste, et l'autre réjoui dépendant tout de liberté enclose. mais si je vois n'y pouvoir autre chose, je recourrai à mon aveugle juge. réfrénez donc, mes yeux, votre déluge : car ce mien feu, malgré vous, reluira. et le laissant à l'extrême refuge, me détruisant, en moi se détruira.
***
en toi je vis, où que tu sois absente : en moi je meurs, où que soye présent. tant loin sois-tu, toujours tu es présente : pour près que soye, encore suis-je absent.
et si nature outragée se sent de me voir vivre en toi trop plus qu'en moi : le haut pouvoir qui, oeuvrant sans émoi, infuse l'âme en ce mien corps passible, la prévoyant sans son essence en soi, en toi l'étend comme en son plus possible.
maurice scève | |
| | | BACH
Messages : 143 Date d'inscription : 24/11/2014 Age : 39
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Mer 4 Mar - 0:50 | |
| LE CALCUL DE LA VIE. Ronsard
Tu as cent ans et davantage : Mais calcule de tout ton âge, Combien en eut ton créancier, Combien tes folles amourettes, Combien tes affaires secrètes, Combien ton pauvre tenancier.
Combien tes procès ordinaires, Combien tes valets mercenaires, Combien ton aller et venir ; Ajoute aussi tes maladies, Ajoute encore tes folies, Si tu pouvois t’en souvenir :
Et tout cela qui, sans usage, S’en est allé pour ton dommage : Si tout cela tu en rabas, Te verras avoir moins d’années Que tu ne t’en étois données, Et que tout jeune tu t’en vas.
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| | | ritaline
Messages : 215 Date d'inscription : 19/11/2014 Age : 31
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Jeu 5 Mar - 2:09 | |
| "Nos existences sont dures, étroites. Nos parents ne nous donnent pas plus que les animaux à leurs petits. Malgré eux, ils nous enseignent les gestes, la méthode. Mais ils n'ont pas la curiosité de Dieu pour ses créa- tures qui est si aiguë que parfois elle semble cruauté. Ils nous mettent au monde avec leur péché et ils ne s'inquiètent guère de notre ré- demption. Ma mère n'a pas assez fait pour que je l'aime. Je suis indifférent ou fanatique. J'aime qui j'admire. Ma mère aurait pu at- teindre à la grandeur par sa rigueur à se sacri- fier. Mais elle regrettait les choses les plus mesquines parmi celles dont la privaient ses inoubliables gestes, ployés à la plus belle, à la plus simple discipline. Son visage était meurtri par des larmes de plomb, et je perds pied dans des abîmes de dégoût quand je songe que sans son malheur elle aurait été triviale. Il ne faut pas oublier que le malheur frappe à tort et à travers.
(...) L'amour c'est rechercher la solitude, c'est s'abandonner furieusement à soi-même, c'est s'enfermer dans une prison, jeter la clef à travers les barreaux. Alors la femme prise au piège simule avec de tendres raffinements de s'occuper de vous et, pour ne pas mourir d'en- nui, quelquefois on se soucie d'elle, mais il y a des hommes qui ont péri sans avoir vu autre chose que deux petits miroirs, deux yeux où ils s'épiaient avec une curiosité éternelle. "
drieu la rochelle, état civil | |
| | | Février ATTENTISME FRIGIDE
Messages : 351 Date d'inscription : 31/10/2014 Age : 32
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Dim 8 Mar - 0:37 | |
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| | | au revoir au revoir MONARQUE DU BISOU
Messages : 553 Date d'inscription : 30/10/2014 Age : 26
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Dim 8 Mar - 0:46 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Dim 8 Mar - 19:10 | |
| Dime, dime el secreto de tu corazón virgen, dime el secreto de tu cuerpo bajo tierra, quiero saber por qué ahora eres un agua, esas orillas frescas donde unos pies desnudos se bañan con espuma.
Dime por qué sobre tu pelo suelto, sobre tu dulce hierba acariciada, cae, resbala, acaricia, se va un sol ardiente o reposado que te toca como un viento que lleva sólo un pájaro o mano.
Dime por qué tu corazón como una selva diminuta espera bajo tierra los imposibles pájaros, esa canción total que por encima de los ojos hacen los sueños cuando pasan sin ruido.
Oh tú, canción que a un cuerpo muerto o vivo, que a un ser hermoso que bajo el suelo duerme, cantas color de piedra, color de beso o labio, cantas como si el nácar durmiera o respirara.
Esa cintura, ese débil volumen de un pecho triste, ese rizo voluble que ignora el viento, esos ojos por donde sólo boga el silencio, esos dientes que son de marfil resguardado, ese aire que no mueve unas hojas no verdes...
¡Oh tú, cielo riente, que pasas como nube; oh pájaro feliz, que sobre un hombro ríes; fuente que, chorro fresco, te enredas con la luna; césped blando que pisan unos pies adorados! |
| | | au revoir au revoir MONARQUE DU BISOU
Messages : 553 Date d'inscription : 30/10/2014 Age : 26
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Dim 8 Mar - 20:19 | |
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| | | Février ATTENTISME FRIGIDE
Messages : 351 Date d'inscription : 31/10/2014 Age : 32
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Mer 11 Mar - 18:53 | |
| CE QUE TU VOUDRAS
Ce que tu voudras. Elle a, la nuit, des culottes de ciseaux et dans la bouche, entre les dents et la langue, le gant des grands oiseaux qui s'obstinent à vouloir mourir. Je ferai ce que tu voudras. La tête au front lisse, avec cette insaisissable étoffe, est-ce velours ou soie, et de quelle couleur, dans laquelle s'enfoncent les doigts, contre laquelle crissent les ongles - l'horizon se déchire - et que depuis l'enfance elle caresse sur l'oreille de roche spongieuse, parce qu'une fois les yeux fermés elle fait l'amour, le rideau retombe. Je te donnerai ce que tu voudras. À portée de sa main, le vent, il ternit les dents par bouffées comme sur le nickel l'haleine, et sa chevelure secoue ses feuilles et ses fleurs sur la petite place déserte, à l'heure où tout le monde dîne, et où les enfants jettent leurs dernières billes dans la rainure du caniveau. L'aquarium tant que tu voudras. Sur son lit blanc, la neige devient plus brillante, les fenêtres battent, une longue clameur sourde des crevasses où les nuages attardés s'accrochent aux portemanteaux, les miroirs de l'antichambre se brisent parce qu'on allume soudain l'électricité, son départ chaque fois fait fondre les immeubles et le niveau de la Seine monte un peu plus vite ; puis la course échevelée tremblante, on ne veut plus rien que les traces de lèvres sur les journaux perdus au bord des trottoirs.
MAURICE HENRY | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Ven 13 Mar - 12:08 | |
| Quand je marche, je marche quand je dors, je dors quand je chante, je chante je m'abandonne
Quand je marche, je marche droit quand je chante, je chante nue et quand j'aime, je n'aime que toi quand j'y pense, je ne dors plus
Je suis ici je suis dedans je suis debout je ne me moquerai plus de tout
Entends tu, m'as-tu dit, le chant du monde, alors depuis quand l'aube se lève, je la suis quand la nuit tombe je tombe aussi
Je suis ici je suis dedans je suis debout je ne me moquerai plus de tout
Quand j'ai faim, tout me nourrit le cri des chiens, et puis la pluie quand tu pars, je reste ici je m'abandonne et je t'oublie. |
| | | BACH
Messages : 143 Date d'inscription : 24/11/2014 Age : 39
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Sam 14 Mar - 0:04 | |
| Adopt, de Théophile de Viau
Belle bouche d’ambre et de roze, Ton entretien est desplaisant Si tu ne dis, en me baisant, Qu’aymer est une belle chose. | |
| | | BACH
Messages : 143 Date d'inscription : 24/11/2014 Age : 39
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Dim 15 Mar - 0:45 | |
| De façon inattendue et curieuse, les seins de Sybil me révélaient la vérité de Robert. Ces seins trop beaux, des mains n'en pouvaient rien faire; elles ne pouvaient que s'y brûler, s'y consumer ou devenir maniaques et hagardes. Donc, ces seins n'étaient pas, ou ils disaient autre chose que ce qu'ils semblaient dire. Ils n'étaient pas des objets de bonté, mais de douleur. Douleur de celle qui les portait, folie de celle qui les portait. Les humains étaient fous, de leur désir insensé pour la matière. Mais ce désir, profondément réel, était touchant, il me touchait le coeur. C'était le pauvre désir fou des humains. C'était cela qui décidément me touchait au coeur. Derrière les seins inutiles de Sybil, c'était son désir de l'argent qui me touchait. Désir absurde et ignoble, ignoblement torturant, mais désir. Les humains étaient des êtres de désir et il fallait avoir pitié d'eux pour cela. Robert, c'était pour cela qu'il se dévouait à eux : il essayait de soigner, de consoler, d'orienter leur désir. O Orient du désir, humains, si vous saviez. Robert savait et, au fond de mon coeur, je savais.
Drieu, Mémoires de Dirke Raspe | |
| | | fifty pazi la toute-jolie
Messages : 443 Date d'inscription : 03/11/2014 Age : 31 Localisation : Paris
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Dim 15 Mar - 12:55 | |
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| | | BACH
Messages : 143 Date d'inscription : 24/11/2014 Age : 39
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Dim 15 Mar - 18:16 | |
| Dans une jambe de danseuse le monde, ses ondes, tous ses rythmes, ses folies, ses voeux sont inscrits !... Jamais écrits ! Le plus nuancé poème du monde !... émouvant ! Gutman ! Tout ! Le poème inouï, chaud et fragile comme une jambe de danseuse en mouvant équilibre est en ligne, Gutman
mon ami, aux écoutes du plus grand secret, c'est Dieu ! C'est Dieu lui-même ! Tout simplement !
A partir de la semaine prochaine, Gutman, après le terme... je ne veux plus travailler que pour les danseuses... Tout pour la danse ! Rien que pour la danse ! La vie les saisit, pures... les emporte... au moindre élan, je veux aller me perdre avec elles... toute la vie... frémissante... onduleuse... Gutman ! Elles m'appellent !... Je ne suis plus moi-même... Je me rends... Je veux pas qu'on me bascule dans l'infini !... à la source de tout... de toutes les ondes... La raison du monde est là... Pas ailleurs...
Périr par la danseuse !
céline dans bagatelles pour un massacre | |
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