| | les jolis poèmes (ou extraits) | |
|
+11#Je Suis Bobûn Pulsabisou ritaline Estherfluette rhodave au revoir au revoir BACH Clafouthy fifty pazi pan Février 15 participants | |
Auteur | Message |
---|
Février ATTENTISME FRIGIDE
Messages : 351 Date d'inscription : 31/10/2014 Age : 32
| Sujet: les jolis poèmes (ou extraits) Lun 3 Nov - 17:26 | |
| ici les jolis poèmesde Xavier Villaurrutia (il fallait du Villaurrutia ici ) NOCTURNE
Tout cela que la nuit dessine de sa main obscure : le plaisir qui révèle, le vice qui dénude. Tout cela que l'obscur fait entendre avec le dur choc de son silence : les voix inattendues que parfois il enflamme, le hurlement du sang, une rumeur de pas égarés. Tout ce que le silence fait fuir de chaque chose : la buée du désir, la sueur de la terre, et le parfum sans nom de la peau. Tout ce dont le désir vient humecter mes lèvres : la douceur souhaitée d'un contact, le savoureux savoir de la salive. Et tout ce que le songe rend palpable : les lèvres d'une plaie, la forme d'une entrailles, la fièvre d'une main qui se risque. Tout ! glisse dans chaque branche de l'arbre de mes veines vient caresser mes cuisses, inonde mes oreilles, habite mes yeux morts, meurt à mes lèvres dures. QUAND LA SOIRÉE...
Quand la soirée ferme ses fenêtres lointaines, ses portes invisibles, pour que la poussière, la fumée, la cendre, implables, obscures, lentes comme le travail de la mort de l'enfant croissent peu à peu ; quand la soirée, enfin, a recueilli la dernière lumière, le dernier nuage, le reflet oublié, le bruit interrompu, la nuit surgit silencieusement des rainures secrètes, des coins dissimulés, de bouches entr'ouvertes, des yeux de l'insomnie. La nuit surgit avec la fumée dense de la cigarette et de la cheminée. La nuit surgit enveloppée dans son manteau de poussière. La poussière monte, lente. Et d'un ciel impassible, chaque fois plus proche, chaque fois plus compact, pleut de la cendre. Quand la nuit de fumée, de poussière et de cendre enveloppe la ville, les hommes demeurent un instant interdits car en eux, avec la nuit, est né le désir.
Dernière édition par bisou-les-petits-nez le Ven 28 Nov - 0:30, édité 1 fois | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Mar 11 Nov - 21:04 | |
| Bonne fortune et fortune.Odor della feminita.Moi, je fais mon trottoir, quand la nature est belle, Pour la passante qui, d'un petit air vainqueur, Voudra bien crocheter, du bout de son ombrelle, Un clin de ma prunelle ou la peau de mon coeur... Et je me crois content – pas trop ! – mais il faut vivre : Pour promener un peu sa faim, le gueux s'enivre... Un beau jour – quel métier ! – je faisais, comme ça, Ma croisière. – Métier !...– Enfin, Elle passa – Elle qui ? – La Passante ! Elle, avec son ombrelle ! Vrai valet de bourreau, je la frôlai... – mais Elle Me regarda tout bas, souriant en dessous, Et... me tendit sa main, et... m'a donné deux sous. Rue des Martyrs.Un que j'ai découvert de Corbière tout récemment |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Dim 16 Nov - 22:22 | |
| Le chien et le flacon « – Mon beau chien, mon bon chien, mon cher toutou, approchez et venez respirer un excellent parfum acheté chez le meilleur parfumeur de la ville. » Et le chien, en frétillant de la queue, ce qui est, je crois, chez ces pauvres êtres, le signe correspondant du rire et du sourire, s'approche et pose curieusement son nez humide sur le flacon débouché ; puis reculant soudainement avec effroi, il aboie contre moi, en manière de reproche. « – Ah! misérable chien, si je vous avais offert un paquet d'excréments, vous l'auriez flairé avec délices et peut-être dévoré. Ainsi, vous-même, indigne compagnon de ma triste vie, vous ressemblez au public, à qui il ne faut jamais présenter des parfums délicats qui l'exaspèrent, mais des ordures soigneusement choisies. »
Baudelaire. |
| | | au revoir au revoir MONARQUE DU BISOU
Messages : 553 Date d'inscription : 30/10/2014 Age : 26
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Dim 16 Nov - 22:34 | |
| Baudelaire, putain d'aristo chéri
je te conseille aussi sa prose sur le miroir :') | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Dim 16 Nov - 22:46 | |
| je suis là en train de lire tout le spleen - dont je m'étais fourvoyé sur les qualités, par les lectures distraites que j'avais faites de quelques extraits |
| | | Février ATTENTISME FRIGIDE
Messages : 351 Date d'inscription : 31/10/2014 Age : 32
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Ven 28 Nov - 0:34 | |
| un peu de théâtre ( Wajdi Mouawad - Rêves ) L’HOMME ECROULÉ : J’ai mille raisons de verser des larmes. Et parmi ces mille raisons, Une prévaut sur toutes les autres. Ecris-la pour me faire exister : Je ne peux pas aimer. Je ne sais pas aimer. Je suis incapable d’aimer. Je ne peux pas croire que l’on m’aime. Je n’ai jamais aimé. Il ne m’est pas donné d’aimer. On ne m’a jamais aimé. On ne peut pas m’aimer. Je suis devant l’amour Comme l’assoiffé au milieu du désert : A perte de vue, les dunes, Et des mirages pour seule oasis. Le philosophe me dit me dit : raisonne. L’anthropologue me dit : observe. Le sage me dit : accepte. Et le psychanalyste me dit : assume. Et moi qui désire simplement Que, Par amour, On touche ma peau pour y laisser la marque de la tendresse. Je marche, et je pense à tous ceux qui s’aiment, Encore endormis, Blottis l’un contre l’autre. Je ne suis pas eux, et, déjà, je suis hors du monde. (....) LA FEMME DÉCHARNÉE : La récompense est grande, Lorsque après une longue journée de marche On entend le mugissement des vagues Qui s’entrelacent jusqu’au rivage, Lorsqu’on les entend, les vagues, Haleter, haleter, haleter, haleter vers la jouissance Qui ne viendra jamais, Voir alors la mer se soulever, Folle de colère, Folle de désir, Imaginer un instant qu’elle est le sexe du monde tourné vers le ciel, Puis plonger dans ses profondeurs, S’y perdre, S’enfoncer plus loin encore, Là où personne n’a su aller, Descendre, descendre, descendre encore Jusqu’au silence de Dieu, Puis, Juste avant la noyade, Remonter éveillée vers la surface, Et plus loin encore, Vers le ciel, Être alors pourfendue par le soleil, Lutter contre les vagues, S’élever avec le vent, Courir sur les flots, Pour aller s’écrouler, S’endormir sur le sable, Epuisée d’amour. | |
| | | pan POETE DES PRAIRIES
Messages : 471 Date d'inscription : 31/10/2014
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Ven 28 Nov - 0:44 | |
| trop bien l'idée des virgules ! | |
| | | au revoir au revoir MONARQUE DU BISOU
Messages : 553 Date d'inscription : 30/10/2014 Age : 26
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Ven 28 Nov - 2:02 | |
| | |
| | | ritaline
Messages : 215 Date d'inscription : 19/11/2014 Age : 31
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Ven 28 Nov - 3:12 | |
| je trouve ça embarrassant de platitude. - Citation :
- Le philosophe me dit me dit : raisonne.
L’anthropologue me dit : observe. Le sage me dit : accepte. Et le psychanalyste me dit : assume. le poète te dit : ta gueule. | |
| | | Février ATTENTISME FRIGIDE
Messages : 351 Date d'inscription : 31/10/2014 Age : 32
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Ven 28 Nov - 3:25 | |
| un peu de plat et de convenu de temps à autres ça n'a jamais tué personne | |
| | | fifty pazi la toute-jolie
Messages : 443 Date d'inscription : 03/11/2014 Age : 31 Localisation : Paris
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Ven 28 Nov - 12:00 | |
| LE GRAND YACHT DESPAIR
MON Dieu nous avons parcouru des océans blafards de longs mois nord et sud et l’on avait gravé ton nom en lettres hautes de trois pieds sur le mât d’artimon pour leurrer les courants. Satan le mégissier fit pour les panneaux de la cale de petites mauves de cuir avec un coeur d’épingles, l’on arrima deux cent barils de vin et cent d’absinthe pour les cyclones assoiffés compagnons et du gin doux pour les petits alizés frêles comme des femmes qui viennent prendre les quarts d’étain des mains des matelots et puis s’essuient la bouche au plumage d’un pétrel. Le foc était les mains jointes de la Vierge Marie On cadenassa les sabords contre la houle, on but le capitaine fit sa prière et l’on appareilla dans la marée des mouchoirs. La Croix du Sud entre deux eaux éclatait en blasphèmes Le premier soir l’on talonna sur une lune pourrie.
Le second soir les poux de mer rongèrent le mât au pied et il s’en alla aux vagues par le dos le mât mort On chanta un De Profundis et la misaine blonde roula avec lui dans un cercueil de sapin parce qu’elle s’était percé le coeur aux clous d’un plat-bord. A dieu vat dit le capitaine, carguez bien mes gabiers carguez bien - le vent chaud enfla le ventre des huniers une lame noire fleurit cent roses à bâbord Le troisième soir le beaupré entama l’horizon au cou.
Mon Dieu mon Dieu bien longtemps dans ta mer ton étendue nous avons baigné soulevés sur la poigne des trombes près des étoiles, ou salués des ressacs au grand front accroupis comme des devins sur un rebord du flot.
Dans la hune des hiboux toute la nuit parlaient d’enfer et nos péchés en bas ullulaient leurs répons Des poèmes peu à peu avaient fleuri sur nos bras couleur de soleil gris et comme de petites lyres qui rendaient au souffle de mer le chant de notre peine. Mon Dieu nous sommes tes féaux tes gas tes matelots blancs comme les voiles lorsque tu venais sur le pont Puis lorsque tu t’en allais nous pêchions les pieuvres lentes et pâles qui glissaient comme un rêve de l’étendue les congres les dauphins pressés les marsouins les morues et l’on célébrait ton nom dans une messe d’écailles. Tu donnais le bras à quelque vague aux cheveux de poissons L’on te voyait tout à tribord sous un dais de la brume qui passais ; alors on semait alentour en hommage des bouts de corde des queues de raies des yeux de saumons.
Route ! cria le capitaine et le gouvernail dit route en écho comme un murmure à ras du flot. Les voiles mordirent l’épaule du vent et notre beau navire plus fort baratta son chemin d’écume. Les mois filaient avec un bruit de sable le long de la coque Les petits soleils timides secouaient des chaînes d’or tout le jour et le soir liaient à la proue le crépuscule pour que fût illuminé encore notre repas Les aubes ô Seigneur avaient de grands ventres d’argent.
Route, route, plus loin, que pètent voiles et haubans ! Le mousse apportait des liqueurs au fond de coupes grêles et l’on buvait, le torse haut, la tête renversée vers la polaire en la nommant de petits noms de femme. Les ailes lourdes les mouettes s’abattaient sur l’avant par grandes plaques comme de la graine de nuage Route criait-on, place, place, crèvent foc et clinfoc ! La mer jouait des fesses sous l’oeil en feu des écubiers Des algues montaient avec de longs déroulements de hanches des abîmes, et l’on se sentait soudain tout perdus d’amour sur une quille molle comme un désir. Place place mes garçons apportez les carafons Que le vin joyeux coule jusqu’au tonnerre de Dieu avec sa lie d’étoiles ! les soleils ont bu, ils roulent sous la table carrée de la brume - place mes beaux garçons… L’homme de vigie d’une voix enrouée cria Terre.
On vit une terre basse avec un poil de brouillard coupé ras sur la falaise et un fleuve qui lançait ses galets dans la mer. Ohé mes matelots que débarquent ceux-là qui sentent le besoin de pardon comme une petite colombe chaude posée sur leur coeur.
Les premiers qui descendirent dans l’île leurs péchés leur furent remis sans qu’il en restât aucune trace ; Le premier eut un anneau de plomb, le second une frégate aux larges ailes, le troisième eut deux varechs en croix et le quatrième une écume qui fleurit un phosphore bleu avec une peau très fine comme un doigt de Dieu. Ils descendirent trois par trois les trente de l’équipage et le capitaine à la barbe fit le trente et un Reste, reste, dit-il, ramène frère mon trois-mâts à Auckland où il mouille sur le troisième reflet de la lune à gauche de la jetée. Route au nord quart ouest Garçon tes péchés mortels te serviront bien de lest.
Il dit et trois jardins lentement avec leurs pieds d’ibis entrèrent dans le fleuve. Garçon, Monsieur Satan certes a assez de poitrine pour souffler dans la grand’voile d’un voilier possédé.
Je m’en suis allé sur un jusant doux comme une main de fiancée Seigneur Seigneur et trois fois j’ai pleuré trois fois j’ai fait sonner la cloche et trois fois j’ai prié Oh que dansent les laiderons au son des villanelles à Auckland par la jetée je ne peux pas arriver la nuit me roule sur tribord et le flot s’est levé Ma mère vieille est sur le quai, elle agite un mouchoir et ma femme dans l’embrun a ses larmes en collier Elles prient pour que ta pitié enfin mon Dieu s’asseye au bossoir et file une ancre dans l’océan calmé pour que je puisse aborder à Auckland sous la jetée Et me voici, me voici le dernier de l’équipage sur mon pont mangé de vent avec ma croix d’éclairs où tu ne viens pas te clouer.
Loys Masson, 1942 | |
| | | fifty pazi la toute-jolie
Messages : 443 Date d'inscription : 03/11/2014 Age : 31 Localisation : Paris
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Dim 30 Nov - 12:37 | |
| L'écuelle rouge aussi Où l'eau sale s'oublie Et qui pourrirait, Elle sera lavée. Mais moi, les saisons Parties s'entasser Vers le nord et l'est Ne m'ont pas lavée. Et cela n'empêche Qu'ailleurs il y a L'eau glaciale et noire Entre les grands rocs. Et la marée haute Ne fait qu'y passer. Il suffit d'une pierre Pour y penser - Que c'est si vieux Que l'eau croupit contre la vase, Que le feu s'époumone A bouillir le métal. Le temps, le temps A pu faire d'une flamme Une pierre qui dort debout. - Mais ton sein pointe dru Contre le jour qui traîne. C'est vrai Qu'il y a aussi des étoiles Et qu'elles sont belles. Que brûler leur donne En fruit la lumière, Et que rien ne dit Qu'en leurs feux de pierre Elles ne sauront rien De nos mains qui grouillent De nos mains qui fouillent. BOEUF ECORCHÉ A René Méjean.C'est de la viande où passait le sang, de la viande Où tremblait la miraculeuse, L'incompréhensible chaleur des corps. Il y encore Quelque chose de la lueur du fond de l'oeil. On pourrait encore caresser ce flanc, On pourrait encore y poser la tête Et chantonner contre la peur. Il n'a pas voulu - la bonté le tue - Ouvrir sur tes joues l'eau de tes yeux pâles Où la mer montait menacer du feu. Il n'a pas voulu mettre à vif ta chair, Ta chair au secret pour sa soif de sable. Il aurait voulu boire à même ta chair L'humus, le gravier, la lave et le sel Dont tu fis le sang qui pointe à tes lèvres. Il aurait voulu - la bonté le tue - Crier dans ta chair que la mort ne vienne. Terraqué, Eugène Guillevic, 1942 | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Dim 30 Nov - 16:37 | |
| L'enfant pâle
C'est la triste feuille morte Que le vent d'octobre emporte, C'est la lune, au front du jour, Que nulle étoile n'escorte, Au soleil, c'est mon amour, L'enfant plus pâle que blanche : Beau fruit mourant sur la branche !
Mais quand la nuit est levée Je vois la Chère Eprouvée Qui n'en rayonne que mieux Dans sa pâleur ravivée. Et ce m'est délicieux Comme l'aube de la lune Aux voyageurs de fortune !
C'est le plus doux des visages La lampe des Vierges sages Brûle avec cette douceur. Esprit des pèlerinages, Voix de mère et coeur de soeur ! J'ai donné ma vie à Celle Dont la pâleur étincelle !
Germain Nouveau |
| | | Clafouthy
Messages : 126 Date d'inscription : 02/11/2014 Age : 24
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Lun 1 Déc - 22:01 | |
| Up into the cherry tree Who should climb but little me? I held the trunk with both my hands And looked abroad in foreign lands.
I saw the next door garden lie, Adorned with flowers, before my eye, And many pleasant places more That I had never seen before.
I saw the dimpling river pass And be the sky's blue looking-glass; The dusty roads go up and down With people tramping in to town.
If I could find a higher tree Farther and farther I should see, To where the grown-up river slips Into the sea among the ships,
To where the road on either hand Lead onward into fairy land, Where all the children dine at five, And all the playthings come alive.
Robert Louis Stevenson | |
| | | BACH
Messages : 143 Date d'inscription : 24/11/2014 Age : 39
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Jeu 11 Déc - 3:41 | |
| Fin de: La nuit, de Saint Amant
Tous ces vents qui soufflaient si fort Retiennent leur haleine Il ne pleut plus, la foudre dort, On n'oit que les fontaines Et le doux son de quelques luths charmants Qui parlent au lieu des amants
Je ne puis être découvert La nuit m'est trop fidèle ; Entrons, je suis l'huis entrouvert J'apercois la chandelle Dieux, qu'est ceci ? Je tremble à chaque pas Comme si j'allais au trépas
Ô toi dont l'oeil est mon vainqueur Sylvie, eh, que t'en semble ? Un homme qui n'a point de coeur Ne faut il pas qu'il tremble ? Je n'en ai point, tu possèdes le mien. Ne veux tu pas donner le tien ? | |
| | | BACH
Messages : 143 Date d'inscription : 24/11/2014 Age : 39
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Jeu 11 Déc - 3:42 | |
| Théophile de Viau
Art poétique, Théophile de Viau
Je veux faire des vers qui ne soient pas contraints, Promener mon esprit par de petits desseins Chercher des lieux secrets où rien ne déplaise Méditer à loisir, rêver tout à mon aise, Employer toute une heure à me mirer dans l'eau Ouir, comme en songeant, la course d'un ruisseau Ecrire dans le bois, m'interrompre, me taire, Puis composer ces vers sans songer à les faire.
| |
| | | BACH
Messages : 143 Date d'inscription : 24/11/2014 Age : 39
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Jeu 11 Déc - 3:43 | |
| Poème, Scudery
Mon coeur il faut perdre la vie Rien ne saurait t'en empêcher Soit que tu veuilles t'approcher Ou t'éloigner de ta Sylvie Quand on la voit, on ne saurait guérir
En la quittant il faut mourir Sa rigueur desespère l'âme Et sa beauté charmes les yeux La quitter, c'est quitter les cieux La voir, c'est se voir dans la flamme Mais puisque rien ne peut nous secourir Il faut la voir et puis mourir | |
| | | au revoir au revoir MONARQUE DU BISOU
Messages : 553 Date d'inscription : 30/10/2014 Age : 26
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Jeu 11 Déc - 11:59 | |
| Le mot et la chose, (l'abbé de Lattaignant)
Madame quel est votre mot Et sur le mot et sur la chose On vous a dit souvent le mot On vous a fait souvent la chose
Ainsi de la chose et du mot Vous pouvez dire quelque chose Et je gagerais que le mot Vous plaît beaucoup moins que la chose
Pour moi voici quel est mon mot Et sur le mot et sur la chose J'avouerai que j'aime le mot J'avouerai que j'aime la chose
Mais c'est la chose avec le mot Mais c'est le mot avec la chose Autrement la chose et le mot A mes yeux seraient peu de chose
Je crois même en faveur du mot Pouvoir ajouter quelque chose Une chose qui donne au mot Tout l'avantage sur la chose
C'est qu'on peut dire encore le mot Alors qu'on ne fait plus la chose Et pour peu que vaille le mot Mon Dieu c'est toujours quelque chose
De là je conclus que le mot Doit être mis avant la chose Qu'il ne faut ajouter au mot Qu'autant que l'on peut quelque chose
Et que pour le jour où le mot Viendra seul hélas sans la chose Il faut se réserver le mot Pour se consoler de la chose
Pour vous je crois qu'avec le mot Vous voyez toujours autre chose Vous dites si gaiement le mot Vous méritez si bien la chose
Que pour vous la chose et le mot Doivent être la même chose Et vous n'avez pas dit le mot Qu'on est déjà prêt à la chose
Mais quand je vous dis que le mot Doit être mis avant la chose Vous devez me croire à ce mot Bien peu connaisseur en la chose
Et bien voici mon dernier mot Et sur le mot et sur la chose Madame passez-moi le mot Et je vous passerai la chose | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Lun 29 Déc - 1:11 | |
| "It seems so long ago, Nancy was alone, looking at the Late Late show through a semi-precious stone. In the House of Honesty her father was on trial, in the House of Mystery there was no one at all, there was no one at all.
It seems so long ago, none of us were strong; Nancy wore green stockings and she slept with everyone. She never said she'd wait for us although she was alone, I think she fell in love for us in nineteen sixty one, in nineteen sixty one.
It seems so long ago, Nancy was alone, a forty five beside her head, an open telephone. We told her she was beautiful, we told her she was free but none of us would meet her in the House of Mystery, the House of Mystery.
And now you look around you, see her everywhere, many use her body, many comb her hair. In the hollow of the night when you are cold and numb you hear her talking freely then, she's happy that you've come, she's happy that you've come." |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Lun 5 Jan - 1:16 | |
| « Adieu, Meuse endormeuse et douce à mon enfance, Qui demeures aux prés, où tu coules tout bas. Meuse, adieu : j’ai déjà commencé ma partance En des pays nouveaux où tu ne coules pas.
Voici que je m’en vais en des pays nouveaux : Je ferai la bataille et passerai les fleuves ; Je m’en vais m’essayer à de nouveaux travaux, Je m’en vais commencer là-bas des tâches neuves.
Et pendant ce temps-là, Meuse ignorante et douce, Tu couleras toujours, passante accoutumée, Dans la vallée heureuse où l’herbe vive pousse,
O Meuse inépuisable et que j’avais aimée.
Un silence.
Tu couleras toujours dans l’heureuse vallée ; Où tu coulais hier, tu couleras demain. Tu ne sauras jamais la bergère en allée, Qui s’amusait, enfant, à creuser de sa main Des canaux dans la terre, - à jamais écroulés.
La bergère s’en va, délaissant les moutons, Et la fileuse va, délaissant les fuseaux. Voici que je m’en vais loin de tes bonnes eaux, Voici que je m’en vais bien loin de nos maisons.
Meuse qui ne sais rien de la souffrance humaine, O Meuse inaltérable et douce à toute enfance, O toi qui ne sais pas l’émoi de la partance, Toi qui passes toujours et qui ne pars jamais O toi qui ne sais rien de nos mensonges faux,
O Meuse inaltérable, ô Meuse que j’aimais,
Un silence.
Quand reviendrai-je ici filer encor la laine ? Quand verrai-je tes flots qui passent par chez nous ? Quand nous reverrons-nous ? et nous reverrons-nous ?
Meuse que j’aime encore, ô ma Meuse que j’aime.» |
| | | rhodave
Messages : 413 Date d'inscription : 31/10/2014 Age : 28 Localisation : Paris
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Lun 5 Jan - 21:13 | |
| Robert Frost, Birches (Mountain Interval) When I see birches bend to left and right Across the lines of straighter darker trees, I like to think some boy's been swinging them. But swinging doesn't bend them down to stay As ice-storms do. Often you must have seen them Loaded with ice a sunny winter morning After a rain. They click upon themselves As the breeze rises, and turn many-colored As the stir cracks and crazes their enamel. Soon the sun's warmth makes them shed crystal shells Shattering and avalanching on the snow-crust— Such heaps of broken glass to sweep away You'd think the inner dome of heaven had fallen. They are dragged to the withered bracken by the load, And they seem not to break; though once they are bowed So low for long, they never right themselves: You may see their trunks arching in the woods Years afterwards, trailing their leaves on the ground Like girls on hands and knees that throw their hair Before them over their heads to dry in the sun. But I was going to say when Truth broke in With all her matter-of-fact about the ice-storm I should prefer to have some boy bend them As he went out and in to fetch the cows— Some boy too far from town to learn baseball, Whose only play was what he found himself, Summer or winter, and could play alone. One by one he subdued his father's trees By riding them down over and over again Until he took the stiffness out of them, And not one but hung limp, not one was left For him to conquer. He learned all there was To learn about not launching out too soon And so not carrying the tree away Clear to the ground. He always kept his poise To the top branches, climbing carefully With the same pains you use to fill a cup Up to the brim, and even above the brim. Then he flung outward, feet first, with a swish, Kicking his way down through the air to the ground. So was I once myself a swinger of birches. And so I dream of going back to be. It's when I'm weary of considerations, And life is too much like a pathless wood Where your face burns and tickles with the cobwebs Broken across it, and one eye is weeping From a twig's having lashed across it open. I'd like to get away from earth awhile And then come back to it and begin over. May no fate willfully misunderstand me And half grant what I wish and snatch me away Not to return. Earth's the right place for love: I don't know where it's likely to go better. I'd like to go by climbing a birch tree, And climb black branches up a snow-white trunk Toward heaven, till the tree could bear no more, But dipped its top and set me down again. That would be good both going and coming back. One could do worse than be a swinger of birches. - Spoiler:
Quand je vois des bouleaux penchés de gauche et de droite À travers la ligne d'arbres plus rigides et plus sombres, J'aime penser que quelque garçon les a balancés. Mais alors les branches ne reposeraient pas ainsi. Ce sont les tempêtes de neige qui font cela. Souvent vous avez dû voir les branches Chargées de glace un matin d'hiver ensoleillé Après une ondée. Elles font un cliquetis Quand le vent s'élève, et deviennent multicolores Lorsque le mouvement fait craqueler leur émail. Bientôt la chaleur du soleil leur fait verser des écailles de cristal Éparpillant en avalanche la croûte de neige — Ce sont des tas de verre brisé à enlever ; Vous croiriez que l'intérieur du ciel est tombé. Mais ce que j'allais dire quand la vérité m'a arrêté Avec toutes ses précisions prosaïques sur la tempête de neige C'est que j'aurais préféré que ce fût quelque garçon qui les eût courbées Alors qu'il sortait pour aller chercher les vaches — Quelque garçon trop loin de la ville pour apprendre à jouer au baseball Et dont le seul jeu était celui qu'il avait trouvé lui-même, Pour l'hiver comme pour l'été, et pouvait jouer tout seul. Un à un il apprivoisait les arbres de son père En les chevauchant maintes fois pour les déraidir, Et il n'y en avait aucun qui ne devînt docile, et il n'y en avait aucun Dont il n'eût triomphé ! Il avait appris tout ce qu'il y avait à apprendre Pour ne pas les laisser partir trop vite Et ne pas entraîner les arbres précipitamment Vers le sol. Il gardait toujours son équilibre Sur les branches les plus hautes, montant avec autant de soin Que lorsque vous remplissez une tasse Jusqu'au bord et même un peu plus haut que le bord. Puis il s'élançait, les pieds en avant, cela faisait un sifflement, Il envoyait des coups de pied pour se frayer passage de l'air à la terre. Moi aussi j'étais autrefois un balanceur de bouleaux ; Et je rêve d'en redevenir un, Quand je suis las des réflexions, Et que la vie est trop comme un bois sans chemin Où votre visage brûle et est chatouillé par les toiles d'araignée Qu'il a rompues en passant, et qu'un de vos yeux pleure Parce qu'une brindille l'a cinglé, tout ouvert. Je voudrais partir de la terre pour un temps Et puis retourner à elle et tout recommencer. Que le destin ne fasse pas exprès de mal comprendre Et ne m'accorde qu'à moitié ce que je demande et ne m'attrape Pour ne plus me laisser revenir. La terre est l'endroit désigné pour l'amour ; Je ne sais où il se porterait mieux. Je voudrais aller en montant sur un bouleau, Et remonter les branches noires le long du tronc blanc comme la neige Vers le ciel, jusqu'à ce que l'arbre ne puisse plus me porter Mais abaisse sa cime et me repose sur le sol. Ce serait bon de m'en aller et de revenir. On pourrait trouver pire que la vie d'un balanceur de bouleaux.
| |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Lun 5 Jan - 22:34 | |
| |
| | | rhodave
Messages : 413 Date d'inscription : 31/10/2014 Age : 28 Localisation : Paris
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Lun 5 Jan - 22:55 | |
| ha tu le connais ! tu aurais un recueil à me conseiller? | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Lun 5 Jan - 23:35 | |
| J'ai un recueil bilingue anglais-allemand. C'est juste une sélection A part ça, je ne connais pas du tout le nom des recueils qu'il a publiés! Mais je suis sûre que de gentils anglicistes sur le forum peuvent nous renseigner |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) Mar 6 Jan - 21:25 | |
| Au jardin de mon père, les lauriers sont fleuris, (bis) Tous les oiseaux du monde viennent y faire leur nid.
Refrain : Auprès de ma blonde, qu’il fait bon, fait bon, fait bon, Auprès de ma blonde, qu’il fait bon dormir !
Tous les oiseaux du monde viennent y faire leur nid, (bis) La caille, la tourterelle, et la jolie perdrix.
Refrain
La caille, la tourterelle, et la jolie perdrix, (bis) Et ma gentille colombe qui chante jour et nuit.
Refrain
Et ma gentille colombe qui chante jour et nuit, (bis) Qui chante pour les filles qui n’ont point de mari.
Refrain
Qui chante pour les filles qui n’ont point de mari, (bis) Pour moi ne chante guère, car j’en ons un joli.
Refrain
Pour moi ne chante guère, car j’en ons un joli. (bis) Dites-nous donc, la belle, où donc est vot’ mari?
Refrain
Dites-nous donc, la belle, où donc est vot’ mari? (bis) Il est dans la Hollande, les Hollandois l’ont pris.
Refrain
Il est dans la Hollande, les Hollandois l’ont pris. (bis) Que donneriez-vous belle, pour avoir votre ami?
Refrain
Que donneriez-vous belle, pour avoir votre ami? (bis) Je donnerions bien Rennes, Versailles et Saint-Denis.
Refrain
Je donnerions bien Rennes, Versailles et Saint-Denis, (bis) Les tours de Notre-Dame, et ma colombe aussi.
Refrain
Les tours de Notre-Dame, et ma colombe aussi, (bis) Et ma gentille colombe, qui chante jour et nuit.
Refrain |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: les jolis poèmes (ou extraits) | |
| |
| | | | les jolis poèmes (ou extraits) | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |