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des bisous et merci pour vos participations
bonne lecture !
Poème 1 ConsolationChambre de mon amour,
A l'appartement suranné.
Simplement du voilage
Mièvre enchantement
Symphonie à mon coeur sans soulier
Froisse ses orteils à ma bouche de papier.
De son âme pleine à m'ombrager
Entre déjà par le rêve de son rêve
A mes pieds avalant mes mains
De son autel de candeur
Mon rêve
Me sermonner pour sa splendeur
De paliers en paliers
Beau comme une soeur à étudier
Mon intérieur que j'ai chéri avant d'aimer
Ses yeux, le pli, son sérieux
Que je reprends pour mon bonheur
Mon sérieux, qu'à ses mains je ne devienne
Plus rien, que ses objets et mobiliers
A sa chambre
Simplement du voilage
Mièvre enchantement
Symphonie à mon coeur sans soulier...
Poème 2 Mes chambresJ'ai été pourvu, à un faible intervalle, d'une chambre noire et d'une chambre jaune.
La chambre jaune est réservée à l'étude, à l'amour, choses utiles.
La chambre noire est réservée à la nuit.
Sa porte ne s'ouvre qu'au soir,
sur un secret...
Ce qui vous étonne,
c'est que l'une et l'autre chambre soient si peu semblables,
tandis que vous apercevez une porte, sage, unie.
Si peu noire, si peu jaune.
Vous me surprendrez toujours :
de quel bois sont faits vos étonnements.
Mes chambres ne sont pas une image,
je les habite avec méthode,
je les apprécie.
On y bat du bois menu,
on s'y torche le cul,
on y roule avec bonheur,
avec circonspection aussi.
Dans mes chambres, tout
se délite et la tendance
est au bris de verre.
Je ne saurai mieux vous dire :
entrez.
Poème 3 Il n’y a plus d’air dans ma chambre
j’ai les poumons collés
et je sens l’air qui cogne
pour sortir
par la porte de ma bouche
il n’y a plus de murs
dans ma chambre
depuis que l’air a fui
j’ai cassé les remparts
avec mes ongles nus
j’ai déchiré mon ventre
l’air n’est pas revenu
il n’y a plus dans ma chambre
le grand jour
qui faisait les yeux clairs
et dessinait des corps
comme des planisphères
le grand jour est passé
par la fenêtre
une étendue de vide
espace niant l’espace
a recouvert la chambre
il n’y a plus rien
dans la chambre
il y a seulement
une petite chose
qui m’habite
que j’habite
il n’y a plus toi dans ma chambre
Poème 4 Synesthésie auditiveTu n'étais pas là, hier soir
j'ai repeint les murs de ta chambre
et le bleu du plafond a coulé sur de vieilles photographies
le ciel mourant sur ton sourire d'enfant
Je t'ai surnommé
der blaue Reitersans raison apparente
ce n'est pas pour tes yeux petit amour
pas pour la pluie qui sied à tes épaules
Je t'ai surnommé
der blaue Reiteren repeignant ta chambre
en sifflotant des airs de blues
qui se ressemblent tous
Toujours les mêmes notes
toujours la même couleur
les mêmes fissures au plafond
et l'appréhension
tant d'appréhension
à force de peindre
à force de nuits qui nous boivent pour s'éclaircir
Sous une lampe halogène
dans une chambre aux regards vides
je t'ai surnommé
der blaue Reiteret même moi, je ne sais pas pourquoi
Poème 5 Ma chambre est un ensemble vide habité parfois d’êtres de passage: Marthe, André, Paula, moi, ou autre (x, y, w, z). Je dis « ma chambre », et déjà c’est indécent.
En dépit des tapisseries et photographies qu’on colle comme histoire sur les murs, l’espace demeure neutre, et dormir dans un hôtel chaque fois nouveau n'est pas différent du sommeil de sa chambre.
Je regarde les murs, j’essaye les lunettes des générations passées. Enfant, je pensais le lieu de la chambre comme une éponge à idées: ma tante qui avait dormi petite dans cette chambre avait peut-être elle aussi pleuré quand ses parents oubliaient le baiser du coucher. Les fantômes veillaient autour de moi à préserver la tradition des sentiments.
Maintenant l’espace n’est plus que traversé. Marthe passe, et la chambre brille soudain autour de ses longs bras. Marthe n’est plus là, et la chambre agonise, prête à s’effondrer.
Les baisers ont pris revanche sur le coucher. J’aimerais qu’ils passent à la postérité et que dans 194532 années, on puisse lire sur le dessin des murs qu’ « Ici, x et y se sont aimés ».
Poème 6 Le poème 6 s'est évadé, ce bâtard