Je vais essayer de répondre de façon intelligente. Je précise que j'avais compris que tu t'interrogeais par rapport au forum.
Déjà, le substantif « technologie » est très vague étant donné qu'il s'agit avant toute chose d'un ensemble de moyens techniques utilisés dans un domaine donné. J'imagine que tu parles des technologies informatiques, mais à ce que je sache, tout le monde ici utilise un ordinateur branché au cyberespace et s'en sert vraisemblablement quotidiennement. Il s'agit du médium que nous choisissons pour écrire avant de publier nos textes en ligne sur ce site. Je pense ne pas me tromper en affirmant que carnet et stylo à bille ont été délaissés par à peu près tout le monde en tant qu'outils de création artistico-linguistique (qu'elle soit de nature poétique ou non), aussi modeste soit-elle. Il est donc fort étonnant que tu soupçonnes quiconque d'être atteint d'infotechnophobie, si je peux me permettre le néologisme.
Tu me diras que tu t'intéresses surtout à la non-apparition des technologies informatiques dans les poèmes que tu as pu lire. C'est donc que tu te questionnes relativement aux sujets que nous choisissons ou non d'aborder. À mon avis, un ordinateur n'est pas moins poétique qu'une tuile (pour moi, ce qu'on désigne de nos jours sous le nom de « téléphone portable » n'est en fait qu'un ordinateur; je fais le même constat en ce qui concerne les tablettes numériques). C'est un sujet comme un autre après tout. Ne t'attends cependant pas à me voir faire de la publicité pour Apple dans mes textes. Peut-être que les technologies informatiques ne sont pas inspirantes aux yeux des autres; je n'en sais rien. Je crois que c'est un domaine que je maîtrise trop pour pour en faire quelque chose d'intéressant (que ce soit formellement ou thématiquement), mais bon, ça ne regarde que moi. Il faudrait que j'essaye pour voir en fait.
Sinon, je pense que cette absence a peut-être à voir avec nos sensibilités poétiques commune. J'ai l'impression que nous écrivons surtout de la poésie lyrique. Étant donné qu'elle est personnelle, qu'elle exprime un ressenti, peut-être ne considérons-nous pas l'informatique comme étant intégré à notre champ émotionnel, si je puis dire. Je crois que nous percevons les infotechnologies comme de simples médias, c'est-à-dire comme des vecteurs de contenu. Nous ne sommes peut-être pas encore arrivés au point où ces vecteurs deviennent des objets que nous avons envie de représenter textuellement.
Ce serait tout autre chose si nous écrivions de façon mimétique au sens bêtement platonicien du terme, car nous tenterions alors de représenter le monde matériel et que les ordinateurs finiraient forcément par pointer le bout de leur nez. Ce n'est évidemment pas le cas. Il me semble que nous sommes tous plus ou moins attachés à la tradition symboliste. Ça ne signifie pas que les infotechnologies nous effrayent ou que nous les détestions pour autant.
Cela étant dit, je crois que se limiter au sujet poétisé est une erreur. Louis (Désapprobation) exploite pleinement les technologies informatiques dans ses raps : la voix est numérique; il s'agit d'un logiciel. J'ai pour ma part déjà fait des expériences poético-graphiques à l'aide d'un logiciel (pas nécessairement heureuses aux dires de certains) par le passé, mais je n'ai pas cru bon de les republier ici, car je ne trouve pas très pertinent de transférer des textes d'un site à l'autre. Il y a moyen d'être plus audacieux sur le plan formel, mais on ne peut forcer personne à faire des expériences.
Bref, la forme que prend le texte change sa signification. Le fait de publier un poème ou une nouvelle sur ce site ne revient pas à l'imprimer et à le distribuer à ses amis ou à le rédiger à la main, le copier et l'envoyer par la poste à son correspondant japonais. Le médium fait partie intégrante des caractéristiques formelles d'un texte. Aucun non d'écrivain ayant exploité l'informatique ne me vient à l'esprit en ce moment, mais je sais qu'il y en a pas mal. Suffit de chercher.